De l'importance du cheval

De l'importance du cheval

Comme je l'ai dit dans de précédents articles de nombreuses pratiques d'aide et de soins accompagnées par le cheval et le poney existent. Chacune étant souvent l'aboutissement, en tout cas je l'espère ; d'une interrogation, d'un cheminement, complétés par une formation. Ce schéma représente une grande majorité des professionnels. 

La difficulté de ce secteur pointe peut-être un nombre indéfini de dénominations, de cursus, de pratiques et de conflits entre personnes du même milieu. Est-il possible qu'un jour les professionnels qui aident et accompagnement avec le cheval trouvent un consensus ? Se serait souhaitable mais est-ce réalisable ? Là est la question ! 

Pour qu'une pratique puisse être officiellement reconnue, ne faut-il pas avoir un socle commun (nombres d'heures, compétences essentielles, cursus théorique et pratique...) et des conditions d’entrée similaires avec des aménagements et des compléments selon les profils présentés, les niveaux ? 

Si je prends exemple sur la formation d'éducateur de jeunes enfants ; les conditions d'inscription et les compétences nécessaires à l’exercice professionnel sont semblables à toutes les écoles de France. Ce qui diffère: la répartition des cours, les lieux de stage, l’organisation des domaines de formation ...mais à la sortie la reconnaissance du diplôme est la même que nous ayons fait l'école de Clermont Ferrand, de Paris ou de Lyon. 

Est-il souhaitable d'arriver à ce genre de consensus en médiation animale, équithérapie ? Est-ce que la diversité est source d'une plus grande richesse ? Libre à chacun d'y répondre. 

 

Ne serait-ce que pour donner un exemple, il existe trois écoles d'équithérapie, thérapie avec le cheval:

  • FENTAC: FEdération Nationale de Thérapie Avec le Cheval. La formation s'adresse exclusivement aux professionnels de la santé ou du médico-social. La formation se déroule en trois ans autour de 12 modules. 
  • SFE: Société Française d'Equithérapie : La formation est ouverte aux professionnels de la santé, médicaux, paramédicaux et médico-sociaux de niveau Bac + 2 minimum. La formation s'effectue soit en deux ans, à raison d'un week end (ou 3 jours) par mois. Soit depuis quelques années en un an, à raison d'une semaine par mois. Il faut être titulaire d'un galop 6 ou du savoir 4 ou du degré 4 de la Cense. 
  • IFEQ: Institut Français d'EQuithérapie. La formation s'adresse aux professionnels médicaux, paramédicaux, et médico-sociaux; aux professionnels expérimentés dans le travail au bénéfice de personnes en difficulté (sans diplôme). Ils doivent justifier de leur autonomie dans une pratique équestre : au moins 5 années d'expérience au contact du cheval ou détention d'un Savoir 3 ou Galop 4 minimum (quelle que soit la discipline). Ils doivent avoir un projet professionnel en lien avec l'équithérapie. La formation se déroule en un an à raison d'une semaine par mois. 

Ces écoles qui exercent la profession de thérapeute avec le cheval ne sont pourtant pas tout à fait d'accord sur les exigences préalables d'entrée et le niveau équestre, ni même sur la durée de la formation (d'un à 3 ans) malgré un nombre d'heures identiques: 600 heures. Pour les deux premières, il semble important d'avoir un diplôme d'aide et du soins alors que pour la dernière, ce n'est pas une obligation. Est-ce qu'en un an et avec 600 heures de formation à son actif il est possible d'être thérapeute ? Juste pour rappel, la formation d’éducateur de jeunes enfants s'effectue en trois ans et dispose de 3600 heures. 

Concernant d'autres discordances qui rejoignent les autres écoles de médiation équine et animale, certains s'accordent à dire que la médiation ou thérapie avec un équidé est un complément à une pratique initiale, d'autres que c'est un métier à part entière. Là encore une divergence importante. Nous pourrions ici évoquer la formation d'équicien qui se déroule en 2 ou 3 ans et peut s'effectuer à la sortie du baccalauréat pour le cursus sur trois ans. Le cursus en 2 ans est ouvert à différents professionnels du soin, de la santé pouvant justifier d'un diplôme et/ou (me semble-t-il) d'un nombres d'années d'expériences. Il faut être titulaire du galop 4. 

(Vous pouvez retrouvez toutes les informations des formations, des conditions d’entrée sur les sites respectifs de chaque formation, école). 

 

Finalement comme je l'avais précédemment évoqué, il n'est pas aisé de s'y retrouver. Et comme chacun y va pour défendre l'intérêt de sa formation, souvent par rapport à celle du voisin, les esprits s'échaudent en y oubliant le principal:

  • aider et accompagner ceux qui se présentent à nous
  • le réseau
  • nos partenaires équins

Et voilà que j'en arrive au cœur de mon article: "De l'importance des ÉQUIDÉS"

Personnellement, dernièrement j'ai lu une phrase qui m'a attristé pour nos amis équidés mais que je tente de ne pas juger. La différence est source de richesse et la tolérance un élan bienveillant d’accompagnement. Toutefois, je ne résiste pas à partager avec vous mes interrogations. 

Dans les différentes formations de médiation équine, équicie, équicoaching et équithérapie, quelle est la place du poney et du cheval? Quel rôle joue l'équidé auprès du patient, du groupe, de l'accompagnant ? Est-ce que cette notion est abordée ou est-elle laissée libre à chaque professionnel de se construire son opinion ? Comment est considéré le cheval et le poney dans cet accompagnement tournée vers l'autre ? Est-il abordé le rôle du professionnel voir peut-être son ego ? 

Nous pouvons lire selon les présentations, les écoles que l'animal n'est pas un médicament. Je suis entièrement d'accord, il serait dangereux et mensonger de réduire le rôle de l'animal à un rôle immédiat de réduction chimique de la douleur sans prendre en compte un panel de facteurs. Toutefois lorsque je lis que l'animal ne guérit pas, qu'il n'est ni un thérapeute, ni un médiateur mais un support à partir duquel une thérapie peut avoir lieu (si tenté que le professionnel soit un thérapeute); j'avoue être abasourdie et interloquée. 

Là encore c'est à l'appréciation de chacun et du sens qu'on met derrière chaque terme. Il est certain que le cheval n'a pas suivi un master de psychologie et n'est donc peut-être pas à proprement parlé un thérapeute. Mais de là dire que le poney n'est pas un médiateur ? Qu'est-ce qu'un médiateur ? N'est-ce pas quelqu'un qui par sa présence met en relation deux personnes ou plus en vue d’atteinte certains objectifs ? Quel est alors le rôle du cheval ? La présence de ces animaux semblent pourtant décanter ou améliorer certaines situations...

N'est-ce pas ce que vous venez chercher pour vous ou ceux que vous accompagnés la présence d'un équidé ? Lorsque vous faites appel à un praticien en thérapie ou médiation équine, ce qui vous amène au delà des recommandations, n'est-ce pas l'équidé ? Accepteriez vous de pratique une séance sans équidé ? 

Peut-être que je ne comprends pas le sens de ces termes. Dois-je alors prendre de la hauteur?  Sûrement...

N'est-ce pas le cheval ou le poney qui nous a, nous professionnels, motivés à poursuivre dans cette voie ? Pourquoi avons nous été appelés ou avons-nous choisis ce type d’accompagnement auprès des personnes si ce n'est parce-qu'un équidé a éveillé quelque chose en nous ? Si ce qui a été éveillé en nous a été assez puissant pour nous pousser à suivre une ou plusieurs formations, des engagements financiers et de temps pour nous lancer, quel rôle a alors joué l'équidé ? 

Dire que le cheval ne guérit pas m'interpelle, même si j'en comprends les enjeux en tant qu'intervenante. Est-ce à nous professionnels de répondre ? Ne devrions nous pas poser la question aux personnes qui viennent à leur rencontre ? 

Je ne m'offusque pas que les personnes qui viennent à Cheval'Envol évoquent les chevaux et les poneys sans parler de moi. Je dirais même que j'ai assez bien effectué ma mission pour permettre une interaction sans que j'ai besoin d'intervenir, laissant toute la beauté du moment à celui qui se présente face au cheval. J'ai été suffisamment bonne pour que les humains et les équidés se sentent en confiance pour rentrer en relation et vivent. Comme l'avais expliqué Boris Cyrulnik lors d'une conférence, celui qui joue le rôle de tuteur de résilience n'est pas forcément le plus diplômé ou formé mais celui que l'enfant va choisir pour surmonter les étapes et rependre un nouveau chemin de vie. 

J'ai l'audace de croire que c'est à ceux qui viennent à notre rencontre de déterminer le rôle que chacun joue. J'ai la pertinence d'espérer, que de reconnaître à ces animaux si merveilleux, toutes leurs compétences ne diminue en rien notre rôle à jouer, il l'élève et lui donne du sens. Lorsqu’une osmose est présente sans sous titre, les gens sont conquis. 

Pourquoi alors les réduire à l'état de support ou d'outil? J'ose croire que c'est une erreur de vocabulaire...Les chevaux sont des animaux, des êtres vivants et pensants. Ce n''est pas parce-qu'ils ne s’expriment pas comme nous et pensent d'une manière différente qu'ils ne pensent pas ! De nombreuses études scientifiques ont d'ailleurs depuis quelques années démontrés ceci. Les réduire à l'état de support revient à diminuer leurs capacités conscientes et à les utiliser aux fins humaines qui nous conviennent, nous scient. Alors pourquoi travaillez avec des animaux vivants comme partenaires ? Si les chevaux sont des supports, pensez-vous qu'ils vont marcher de la même manière avec vous qu'avec moi ? Que toutes leurs attitudes seront identiques ? Indépendamment des gens, de l'environnement, de l'eut état ? 

Pourquoi alors ne pas prendre une peluche qui est douce et attirante ? Si le cheval est un outil, comment mesurer l'impact du vivant dans la thérapie ? Est-il interchangeable ? 

J'entends bien ici que ce n'est finalement peut-être qu'une histoire de vocabulaire. Malgré tout, j'interroge avec sincérité les différents professionnels de l'équithérapie, équicoaching et médiation équine: quel rôle attribuez vous au cheval et au poney?Comment respectez-vous leur individualité, leur tempérament ? Vous souciez-vous de qui ils sont, comment ils vivent, ils réagissent ? Pouvez-vous décrire leurs habitudes, leur place dans le groupe, ce qu'ils aiment et n'aiment pas ? Vous souciez-vous d'eux comme vous vous souciez de votre collègue de travail, votre binôme ? Et quelle relation établissez-vous avec eux ? 

Comment les professionnels qui n'ont pas de chevaux travaillent et perçoivent l’accompagnement ? Comment les écoles et formations abordent cette notion ? Comment l'idée vient de proposer de l'équicoaching, de la thérapie équine si vous n'avez pas de chevaux ? Je souhaite échanger et partager des expériences avec d'autres et suis toute ouïe. Pourquoi alors choisir l'équidé s'il vous manque le plus important ? Le choix de l’orientation professionnelle peut-être l’aboutissement de plusieurs éléments mais le poney a forcément à un moment ou à un autre eu un impact dan votre vie, non ? Est-ce possible que certains aient choisi de devenir professionnel du cheval sans avoir eu aucune expérience avec un équidé? 

Certains accompagnements en duo: un moniteur et un intervenant de la médiation sont très porteurs et allient un riche panel de compétences, chacun mettant en avant ses savoir-faire. Ce qui dans ce cas-là ne nécessite effectivement peut-être pas d'avoir ses propres chevaux si celui qui accompagne connait parfaitement bien les équidés. 

Comment établir une relation avec le futur partenaire équin si vous ne venez que pour les séances de médiation? Quel rôle joue pour vous la relation avec vos partenaires ? A quelle vitesse lisez-vous leur comportement ? 

Ces interrogations éveillent en moi la place de nos amis équidés. Comment mettre en mots le comportement d'un équidé vis à vis de la personne si vous ne le connaissez qu'en séance, c'est à dire peut-être qu'à moitié ? Je m'interroge sur la schématisation voir peut-être la robotisation d'une attitude ? Est-ce que les équidés font encore la différence entre les personnalités qui se présentent à eux ? 

Lorsque vous louez des équidés, comment décidez-vous lesquels seront adaptés pour la pratique que vous voulez exercez en fonction des personnalités ? 

 

Ces questionnements sont finalement à mon goût que trop peu soulevés. N'est-ce pas le lien qui va ou non s'établir même sur une courte durée qui va avoir un impact signifiant ? Au delà des compétences du professionnel choisi, la relation avec les équidés partenaires et leurs motivations à être avec nous en présence lors d'une séance ne devrait-il pas être recherché ? 

 

Je vous laisse sur ces différentes questions et suis disponible et à l'écoute pour de nombreux échanges...

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