La résilience

Les fondements de la résilience

Boris Cyrulnik et Claire

Concept

La résilience est la capacité de se remettre à vivre après un trauma alors que tout laisserait à penser que c'est la fin. La résilience est la reprise d'un nouveau développement après un traumatisme psychique, physique, une blessure, un acte innomable. La personne ne reprend jamais le développement initial avant l’événement traumatique mais un nouveau développement. 

"Un remaniement après le chaos" comme une loi de la nature. Par exemple, un sol est résilient lorsque la végétation repousse après une catastrophe (tremblement de terre, sécheresse, éruption volcanique...). 

Le trauma est l'agression, le coup reçu, subi. Le traumatisme est la représentation du coup. Ce qui fait le plus souffrir est la représentation de celui-ci. Les définitions de ces deux termes est complexe et même les professionnels ne sont pas tous d'accord. Retenons la notion de nouveau développement après une grande difficulté!

 

Boris Cyrulnik parle de syndrome psycho-traumatique et non de stress post-traumatique. Le stress est un mécanisme physique et mental qui déclenche une alerte pour se protéger.  Le terme de syndrome psycho-traumatique est liée à la mémoire qui a conservé les traces de l’événement traumatisant. 

Représentation de la résilience avec la terre et un tournesol

PROCESSUS

La vie peut donc reprendre après un choc grâce aux différents facteurs mis en sa présence. Si la personne est laissée seule, risque d'agonie psychique, d'enfermement. Toutefois, le sujet ne doit pas parler tout le temps; à n'importe qui et n'importe où, de son traumatisme. 

 

Après un trauma, il faut donner le temps du déni, mécanisme de défense naturel et légitime. Puis crée avec la personne un lien familier, c'est à dire de confiance et de sécurité qui permettra l'élaboration de la résilience. 

TEMPS - SÉCURITÉ - ÉLABORATION

 

Pour John BOWLBY, un psychothérapeute est celui qui sert de base de sécurité et pas forcément celui qui a le plus de diplômes.

La personne doit se sentir en sécurité pour élaborer un récit et le partager. Sans un minimum de confiance, l'accompagnement sera plus complexe et le sujet en insécurité pourra avoir tendance à se replier. 

Le poids des mots est lié à la relation affective que la personne entretient avec celui qui les dit. Plus nous sommes proches de celui qui parle plus les mots énoncés ont un impact. Plus nous aimons les gens, plus les explications sont difficiles car le dialogue est empli de charge émotionnelle forte. 

 

Un processus résilient se met en place lorsque le sujet peut à travers son discours remanier la représentation de ce qui lui est arrivé. Ce processus thérapeutique lui permet de modifier la représentation de soi et de changer de posture. Cette démarche est essentielle. Parler de l'histoire traumatisante telle qu'elle s'est passée sans rien changer; c'est aggraver la souffrance du sujet qui revit le traumatisme à chaque récit et "subit" le regard des autres sur l’événement.  La personne a double peine: coup et représentation du coup.  

 

Certains mécanismes de défense sont à tolérer pendant un moment, d'autres sont des freins à la reconstruction et d'autres sont facilitateurs...

Je vous en livre quelques exemples:

La projection: L'individu rejette sur l'autre (ex: parents, professeurs, chef...) le fait de ne pas réussir, de ne pas arriver à faire quelque chose. L'individu se dégage de ce qui pose problème, puisque c'est la faute de l'autre et n'entame pas un travail d'élaboration et de potentielle reconstruction. 

L’indifférence pour se protéger de tout et ne plus souffrir. Le risque est de devenir hermétique à tout et de ne plus rien sentir. 

Le déni qui permet de ne pas souffrir et qui est tolérable le temps d'une mise en confiance avec autrui, base de sécurité. Le déni ne peut être encouragé sur le long terme, provoquant  une non-élaboration de l'événement et une non reconnaissance. 

 Le refuge à la rêverie: mécanisme normatif qui peut-être utilisé un temps mais la personne ne doit pas s'enfermer dedans au point que la réalité inquiéterait plus que l'irréel. Risque d'être prisonnier de son rêve. 

La pensée magique: Pour lutter contre une anxiété, on s'invente un rituel, un "grigri", on s'attache à quelqu'un. Ce processus est constructif tant que la personne n'est pas prisonnière de ce rituel et peut avancer sans, au bout d'un moment. (Parallèle intéressant avec le doudou et sa symbolique...)

La mentalisation qui recherche les moyens pour aller mieux et comprendre. 

importance de l'attachement

L'attachement est une notion prioritaire pour le développement humain. L'attachement permet la sécurité affective dans laquelle tout être vivant doit grandir et évoluer. Cette fonction construit une image de soi suffisamment bonne pour aller explorer le monde. Les bébés ont besoin d'être éveillés et portés pour rentrer en lien avec la mère (ou 1ère figure d’attachement) puis ensuite avec l'environnement.  Nous ne pouvons s'attacher à plusieurs personnes d'un coup!

Boris Cyrulnik pointe que ceux qui ont été carencés se retrouvent isolés. Le risque d'un isolement trop long est l'altération psychique ou le développement d'attachement insécure qui peuvent induire des comportements déviants. 

Monsieur Cyrulnik nomme "niche sensorielle" l'environnement dans lequel grandit un bébé avec l'attention maternelle et maternante, l'éveil, les soins primaires qui lui sont portés. Plus la niche sensorielle est appauvrie plus le risque d'isolement et d'altération existent. L'appauvrissement de la niche sensorielle est lié aux grandes difficultés sociales et/ ou aux difficultés relationnelles induites.  

Sans base de sécurité, l'acquisition d'un facteur de vulnérabilité est prédominant. 

Réchauffer une relation est le premier facteur de résilience: apporter attention, bienveillance et amour pour entourer celui qui n'a pas eu...

 

La résilience est un processus qui permet d'avancer sans nier le passé. L'individu est alors capable de porter sciemment autrui et d'avancer dans la vie. L’empathie est l’aptitude à se décentrer de soi pour accompagner les autres. 

Schéma de la résilience

aujourd'hui

Bien qu'à l'école nous avons été formé à un raisonnement linéaire, c'est à dire une cause donne une conséquence. Pour être au plus juste de notre condition, le raisonnement systémique sera à favoriser. La systémique développe l'idée qu'une émergence d'une ou plusieurs causes propose un effet. Ce n'est pas aussi simple que A donne B!

De même le contexte est à prendre en compte dans les facteurs de résilience. En France et en Russie, nous ne pouvons nous permettre les mêmes choses. La culture a une importance sur la représentation du traumatisme et son acceptation par autrui. L’histoire est porteuse de sens et d'affection et d'une époque à une autre les événements ne sont pas tolérés de la même façon. 

De même, la société a tendance à poser des étiquettes et à mettre les gens dans des catégories. Mais ce n'est pas parce-que nous faisons partis d'une catégorie sociale que nous réagirons à l'identique de notre voisin de la même catégorie. 

Enfin, la notion de secrets est importante, une société sans secrets est un régime totalitaire. 

 

 

Les animaux, tuteurs de resilience

Mircot tuteur de résilience

Les animaux représentent une base de sécurité notamment au niveau pré-verbal.  Anna Freud soulignait l'importance des liens pré verbaux surtout quand la blessure était indicible.  L'animal apporte une consolation pré-verbale à un chagrin. Si l'intervenante donne ensuite la parole, le travail thérapeutique s'instaure. 

L'animal joue différentes fonctions, notamment:

  • Fonction affective: contacts, câlins, éloignements, distance....
  • Fonction de langage: on parle de l'animal, sur l'animal et on peut régler des conflits en prêtant à l'animal différents rôles. 
  • Fonction de maternage: être porté sur le dos de l'animal et considéré. 

La simple présence avec l'animal est une interaction: quelque chose se passe. Les animaux jouent également un rôle important dans les théories de l'attachement. 

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